UM ADEUS CHIC
Quando, há cerca de quase dois anos, Yves Saint Laurent se despediu do mundo da "alta costura", proferiu perante os jornalistas umas breves, intensas e belas palavras que hoje, não sei bem por que razão, me apetece aqui deixar. Se calhar por muito modestamente também pertencer à categoria dos "nervosos" de que falava Proust.
J'ai vécu pour mon métier et par mon métier. En ouvrant en 1966, pour la première fois au monde, une boutique de prêt-à-porter à l'enseigne d'un grand couturier, j'ai conscience d'avoir fait progresser la mode de mon temps et d'avoir permis aux femmes d'accéder à un univers jusque-là interdit. Comme Chanel, j'ai toujours accepté la copie et je suis très fier que les femmes du monde entier portent des tailleurs-pantalons, des smokings, des cabans, des trench-coats. Je me dis que j'ai participé à la transformation de mon époque. Je l'ai fait avec des vêtements, ce qui est sûrement moins important que la musique, l'architecture, la peinture et bien d'autres arts. On me pardonnera d'en tirer vanité (...). J'ai voulu me mettre au service des femmes. C'est-à-dire les servir. Servir leur corps, leurs gestes, leurs attitudes, leur vie. J'ai voulu les accompagner dans ce grand mouvement de libération que connu le siècle dernier.(...) J'ai conscience d'avoir, pendant ces longues années, accompli mon travail avec rigueur et exigence. Sans concessions. J'ai toujours placé au-dessus de tout le respect de ce métier qui n'est pas tout à fait un art mais qui a besoin d'un artiste pour exister. Je pense que je n'ai pas trahi l'adolescent qui montra ses premiers croquis à Christian Dior avec une foi et une conviction inébranlables. Cette foi et cette conviction ne m'ont jamais quitté. Tout homme pour vivre a besoin de fantômes esthétiques. Je les ai poursuivis, cherchés, traqués. Je suis passé par bien des angoisses, bien des enfers. J'ai connu la peur et la terrible solitude. Les faux amis que sont les tranquillisants et les stupéfiants. La prison de la dépression et celle des maisons de santé. De tout cela, un jour je suis sorti, ébloui mais dégrisé. Marcel Proust m'avait appris que "la magnifique et lamentable famille des nerveux est le sel de la terre". J'ai, sans le savoir, fait parti de cette famille. C'est la mienne. Je n'ai pas choisi cette lignée fatale, pourtant c'est grâce à elle que je me suis élevé dans le ciel de la création, que j'ai côtoyé les faiseurs de feu dont parle Rimbaud, que je me suis trouvé et compris que la rencontre la plus importante de la vie était la rencontre avec soi-même. Pourtant j'ai choisi aujourd'hui de dire adieu à ce métier que j'ai tant aimé.
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